CRÉTEIL, NOTES POUR UN AVENIR INSOUMIS ET ÉCOSOCIALISTE
Les nouvelles sur le front du climat ne sont pas bonnes. L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée avec une hausse moyenne de 1,55 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Les industries fossiles continuent à forer sans vergogne COP climat après COP climat.
Dans ce contexte, une internationale d’extrême droite s’impose dans de nombreux pays en s’appuyant sur les peurs, la guerre et le racisme. Alors que la Californie s’est consumée une nouvelle fois dans les mégafeux, l’arrivée de Trump au pouvoir accélère la fuite en avant climaticide. En France, la tornade sur Mayotte à peine passé avec ses nombreux morts que l’indigne Retailleau fait de l’immigration le sujet principal en désignant les boucs-émissaires. Nous manifesterons ce dimanche à République pour dire que nous sommes toutes et tous des Aboubacar Cissé et pour dire non à cette politique de la haine.
Le caractère ignoble de ses politiques ne doit pas cacher leur rationalité profonde visant à maintenir les inégalités sociales et écologiques générées par le capitalisme qui entre probablement dans une nouvelle phase prédatrice. Les premiers à souffrir de la catastrophe climatique d’ores et déjà sont les plus démunis dans notre monde et dans nos sociétés.
Mais l’heure n’est pas à la résignation et l’action doit se mener à toutes les échelles. C’est pourquoi nous souhaitons porter un projet insoumis et écosocialiste pour l’avenir de Créteil. Comment une nouvelle manière de vivre notre ville et de la changer peut contribuer à participer à lutter contre le réchauffement climatique ? Comment s’appuyer sur la force de nos quartiers pour organiser la riposte contre l’extrême droite ? Pour nous, il est désormais indispensable de lier ces combats.
Le philosophe et sociologue Michael Löwy, intervenant à l’ILB, défini l’écosocialisme comme « un courant politique fondé sur une constatation essentielle : la sauvegarde des équilibres écologiques de la planète, la préservation d’un environnement favorable aux espèces vivantes – y compris la nôtre – est incompatible avec la logique expansive et destructrice du système capitaliste. La poursuite de la « croissance » sous l’égide du capital nous conduit, à brève échéance – les prochaines décennies – à une catastrophe sans précédent dans l’histoire de l’humanité : le réchauffement global. » Cette vision est au fondement de nombreuses propositions de la France insoumise.
Pour construire une alternative de rupture, il nous paraît intéressant de faire un point historique et géographique sur notre ville, afin d’envisager des perspectives futures.
RETOUR SUR L’HISTOIRE URBAINE DE CRÉTEIL
Du village du XVIIIème et XIXème siècles à la ville de banlieue d’aujourd’hui, le chemin parcouru est impressionnant. Alors que les choix urbains engagent sur des décennies car le paysage urbain évolue dans une perspective à 30 ans environ, il est important d’avoir du recul sur l’évolution urbaine de Créteil.
Aussi, en revenant sur l’histoire de l’urbanisme à Créteil, on peut distinguer cinq phases du développement urbain contemporain de la ville. On observe une urbanisation d’abord à l’est du nord au sud puis à l’ouest du nord au sud. Cela dessine en partie la répartition sociologique des quartiers avec une plus forte présence populaire dans les nouveaux quartiers de l’ouest et du sud de Créteil. C’est un héritage important qu’il faut comprendre dans ses dynamiques pour proposer un nouveau projet urbain pour notre ville.
– Une première phase se situe avant les années 60 avec le noyau urbain du village de Créteil auquel s’adjoint les logements sociaux du Mont-Mesly à la fin des années 50 et les Bleuets en 1962. Ces deux quartiers forment encore aujourd’hui les piliers du patrimoine des logements sociaux de Créteil.
1945 : élection de Paul Casalis (RPF), médecin => du nom des écoles au Mont-Mesly,
En 1946 : 10 000 habitants,
1953 : élection de François Dassibat, instituteur => parc urbain de la brèche où il y aura le futur centre aquatique,
En 1955 et 1968 : construction du Mont-Mesly (5600 logements),
Entre 1959 et 1962 : Cité des Bleuets (560 Logements),
1962 : on passe la barre des 30 000 habitants.
– En 1965, le Général Billotte, comme il le formule lui-même, veut avec le « Nouveau Créteil » donner son Versailles au Général De Gaulle avec un objectif d’atteindre plus de 100 000 habitants.
1965 : Préfecture du Val-de-Marne, élection de Pierre Billotte,
1968 : 49 000 habitants,
2 décembre 1969 : inauguration de MONDOR,
Entre 1969 et 1977 : première tranche gaulliste du « nouveau Créteil » avec Pierre Dufau avec la Croix-des-Mèches, la Haye-aux-Moines, Montaigut, le Palais, la Lévrière, quartier de la Préfecture, la Brèche, L’Échat,
1972 : UPEC,
1974 : Créteil Soleil,
1977 : élection de Laurent Cathala.
– À partir de 1977, avec l’élection de Laurent Cathala toujours en place aujourd’hui, une tentative de municipalisme socialiste est mise en place pour associer les citoyens dans le cadre d’un atelier urbain participatif. Malheureusement, ces idéaux de gauche et de participation sont très vite abandonnées.
1981-1983 : début de la seconde tranche à « visage humain » avec l’Ormetteau et le Port,
1982 : on passe la barre des 70 000 habitants
1988 : bureaux d’Europarc,
– Depuis les années 90, le modèle dominant de la ville néolibérale s’impose et la ville est essentiellement construite par les promoteurs immobiliers.
90’s : quartiers de La Source et Coteaux du Sud – Sarrazins,
Après 2010 : on passe la barre des 90 000 habitants,
2012 : achèvement du quartier de la pointe du lac + Sud Sarrazins,
Selon l’INSEE, nous sommes au 1er janvier 2024 à 92 989 habitants.
– Une nouvelle phase s’ouvre aussi en 2003 avec la création de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) qui impose ses destructions dans de nombreux quartiers en dispersant les cristolien.ne.s les plus pauvres (Petit Pré-Sablière, Mont Mesly). Dans le même temps, le projet de transport du Grand Paris soutenu par l’état encourage la spéculation notamment dans le triangle de l’Échat. C’est une forme de reprise en main de l’état mais au profit du marché. En cela, le sauvetage l’année dernière de l’opération immobilière du triangle de l’Échat par la caisse des dépôts est emblématique de cette maxime malheureusement trop souvent vérifiée : socialisation des pertes mais privatisation des profits !
CONTEXTE RÉGIONAL ET MÉTROPOLISATION
À l’échelle régionale dans laquelle s’inscrit Créteil, il faut prendre en compte la politique régionale réactionnaire de Pécresse, présidente de la région Île-de-France depuis 2015 : les élu.e.s régionaux de la LFI aux vœux de mi-mandat qui se déroulait en début d’année ont annoncé que la bataille commençait d’ores et déjà pour la remplacer.
Pour ne citer qu’un exemple dans le secteur de l’éducation, il faut dénoncer le scandale du financement des lycées privées qui est maintenu en 2025 (+ 450 % depuis 2016) alors qu’il y a une baisse de 60 millions en investissement pour le public – 760 millions sur 5 milliards. C’est aussi 0€ pour les universités d’Île-de-France en 2025. C’est le choix de Valérie Pécresse, elle qui est déjà à l’origine de la situation de délabrement actuel des universités avec sa loi LRU de 2007. En 2024, c’était 30 millions pour 800 000 étudiants franciliens.
Les orientations du Schéma Directeur de la Région Île-de-France environnemental jusqu’en 2040, adopté le 11 septembre 2024 sont aussi très inquiétantes. La France Insoumise a voté contre pour la défense du logement social, des terres agricoles, forestières et naturelles, pour le soutien au fret ferroviaire. La région Île-de-France est la plus urbanisée avec 22 % du territoire contre 6 % en moyenne. Il y a de nombreux projets inutiles qui menacent notre environnement : des data centers, des parcs logistiques, des décharges et des incinérateurs… À Créteil, nous soutenons le combat mené depuis plusieurs années par les associations Zero Waste France, France Nature Environnement et Affamons l’incinérateur de Créteil contre l’extension de l’incinérateur de Créteil. La Cour administrative d’appel de Paris est saisi pour demander l’annulation de l’autorisation préfectorale qui permet la construction d’un troisième four qui brûlera 120 000 T de déchets supplémentaires. Nous n’acceptons pas cette injustice environnementale.
En matière de transport, il faut en particulier poser la question de la connexion de Créteil avec la métropole. Nous ne pouvons accepter que seulement 33 stations sur 321 soient accessibles aux personnes à mobilité réduite… Nous dénonçons aussi l’augmentation très importante du Passe Navigo qui est un véritable frein à la mobilité de toutes et tous.
S’agissant du logement qui devient de plus en plus inaccessible aux travailleurs et aux étudiant.e.s notamment, la spéculation immobilière qui sévit à Créteil est en lien direct avec la mise en place du réseau de métros du Grand Paris. La ligne 15 devrait ouvrir fin 2026 avec sa nouvelle station à Créteil l’Échat. Évidemment, cela facilitera les déplacements des franciliens mais il faut anticiper les effets de ce développement de l’offre de transports. En cela, le refus de mettre en place l’encadrement des loyers à Créteil est une véritable politique de classe contre les plus précaires d’entre nous. Nous demandons également un blocage des prix de l’énergie car les charges sont de plus en plus insupportables pour les locataires comme pour les propriétaires. Dans ce contexte, après une bataille judiciaire de plusieurs années, nous avons appris en ce début d’année que la Justice avait tranché du côté de locataires résidents dans les immeubles « Les Choux » à Créteil. Avec le concours d’une association de quartier et de nombreux autres bénévoles, les locataires ont refusé de céder, face à un bailleur privé sans scrupule qui tentait de leur imposer une augmentation de leur loyer de base d’un montant de 200€ par mois, hors-charges !
Ces enjeux métropolitains se déclinent à l’échelle des 12 territoires qui composent la métropole du Grand Paris. Créteil appartient au territoire du Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA) qui comprend 16 communes. La commune a été dépossédée de beaucoup de ses compétences : urbanisme, prévention et gestion des déchets, eau et assainissement… Notre programme rappelle que les communes sont les structures de base de la transformation : elles incarnent le premier échelon de la démocratie, là où le pouvoir s’exerce au plus près des habitants. Restaurer leur souveraineté municipale, leur droit à la libre association — et mettre fin à leur rôle de gestionnaire de l’austérité — est une exigence démocratique, essentielle au processus de Révolution citoyenne que nous menons.
Nous n’oublions pas non plus les effets de la politique départementale de droite qui par ces choix budgétaires sacrifie la culture (150 000 euros en moins sur le budget 2024 pour la MAC de Créteil et suppression de la subvention de 100 000 euros au Festival international de films de femmes de Créteil) et l’accompagnement de la petite enfance (abandon du financement d’une crèche de 90 berceaux dans le Mont-Mesly). Elle réduit aussi les budgets de la maison des syndicats et des associations comme le Secours Populaire qui fait pourtant un travail fondamental de lutte contre la pauvreté. La majorité de droite a aussi voté la fin du dispositif Améthyste qui permettait, pour un montant de 25 euros par an, un transport illimité pour les plus de 60 ans non imposables, les personnes en situation de handicap, les anciens combattants, les veuves d’anciens combattants et les pupilles de la Nation, soit 50 000 personnes au total qui devront limiter leur déplacement.
LES GRANDS ENJEUX URBAINS DANS NOTRE VILLE
- Défendre le logement social, patrimoine populaire
15328 logements sociaux sont recensées en 2024 à Créteil soit 44 % du parc logement. Créteil Habitat gère 8 581 logements sociaux sur ce total. Elle détient ainsi 54 % du parc, l’OPH départemental Valophis en possède 10 %, les entreprises sociales de l’habitat, au premier rang desquelles I3F, 36 %. C’est un outil très important mais qui subit les coupes budgétaires drastiques de Macron qui a mené une offensive contre le logement social, sans précédent. Il est fort à parier que l’économie de guerre que Macron veut mettre en place justifiera de nouvelles coupes dans ce secteur, en détournant notamment l’épargne qui permet aujourd’hui de financer de nouveaux logements sociaux. Or, entre 2010 et 2022, le nombre de demandeurs d’un logement social en Ile-de-France a presque doublé, passant de 406 000 à 783 000.
Nous préconisons de continuer à construire des logements publics pour réduire les inégalités en introduisant dans le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) une obligation de 30 % de logements sociaux et très sociaux (PLAI et PLUS) dans les opérations neuves et de 40 % en zones tendues, ce qui est le cas à Créteil.
De plus, dans le cadre des opérations ANRU, se pose de plus en plus la question écologique et du respect des habitant.e.s qui souhaitent préserver leur cadre de vie où se noue de nombreuses solidarités de voisinage.
Les échanges organisées à Créteil dans le cadre Rencontres Nationales des Quartiers Populaires ont notamment souligné la nécessité d’ouvrir des espaces pour retrouver du lien social. Il faut des lieux ouverts, à l’image de la ville avec tous les statuts sociaux. L’objectif est d’offrir un cadre de vie agréable dans chaque quartier avec de nombreuses activités culturelles qui permettent l’émancipation de chacune et chacun. Dans ce cadre, le rôle des femmes et de la jeunesse est décisif. Par ailleurs, le non renouvellement en 2025 des postes adultes-relais dans le cadre de la politique de la ville conduit à la fragilisation du tissu associatif (contrat de 3 ans pris en charge à 80 % par l’état).
Enfin, si le nombre de gardiens respecte bien les exigences de l’article R. 271-2 du code de la sécurité intérieure, d’un gardien pour 100 logements, on sait que leurs conditions de travail sont de plus en plus dégradées . La présence humaine et du service public dans tous nos quartiers est pour nous la clef d’une ville bonne à vivre.
- Répondre à l’échelle communale au dérèglement climatique
En premier lieu, la lutte contre l’émission des gaz à effet de serre passe par une réflexion approfondie sur la place de la voiture à Créteil. Les retards pris en la matière sont considérables notamment en matière de mise en place de pistes cyclables. Face à l’urgence écologique, face à l’inflation, à l’explosion du coût des déplacements en voiture comme en transports en commun, le vélo est pourtant l’une des solutions efficace et accessible au plus grand nombre. Mais pour encourager l’usage du vélo, il est essentiel de réaliser des aménagements confortables et sécuritaires, connectés entre eux, permettant d’accéder aux transports, aux équipements. Tout cela doit se faire dans la plus grande intelligence, il ne s’agit pas de polluer plus en créant des bouchons par le blocage des voies pour les voitures. D’où l’importance de partager la voie publique avec des aménagements sécurisés pour les vélos qui permettront de réduire l’usage de la voiture.
Un enjeu central est également la place de la nature en ville. Nous nous interrogeons par exemple sur la pertinence du projet immobilier sur les anciens terrains des services techniques. Un collectif de citoyen.ne.s défend un projet alternatif en proposant l’extension du parc Dupeyroux. Nous pensons qu’il faut examiner sérieusement cette option.
Nous défendons aussi depuis 2020 un plan d’avenir pour le lac de Créteil qui est une réserve de biodiversité importante et un espace de nature indispensable pour les habitant.e.s. Le problème des écoulements des eaux usées doit trouver une solution dans les plus brefs délais avec une mobilisation de tous les échelons institutionnels concernés et en lien avec les associations. Le collectif du Lac de Créteil dispose d’une expertise citoyenne et scientifique incontournable en la matière. Notre députée Clémence Guetté est intervenue auprès du Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires pour exiger des mesures d’urgence contre les pollutions qui affectent le lac de Créteil.
Le dérèglement climatique, c’est aussi une augmentation des risques d’inondation alors que Créteil est exposé du fait de sa proximité avec la Seine et la Marne. Il faut s’y préparer en associant beaucoup plus étroitement les populations concernées.
Un autre dossier qui nous tient à cœur est l’avenir de Créteil Soleil, centre commercial régional en plein centre de Créteil. En effet, la requalification d’espaces déjà construits est un enjeu écologique afin d’éviter les émissions de carbone générées par de nouvelles constructions. La nature pourrait aussi reprendre ses droits dans un espace très largement occupé par des parkings pour les voitures. Le lien avec le lac de Créteil pourrait aussi servir de point d’appui pour des projets culturels. Lors des élections municipales de 2020, nous avions proposé avec notre liste Créteil, l’avenir en commun, d’engager une réflexion sur la requalification culturelle de Créteil Soleil. Nous lancions l’idée de la création d’un musée, pourquoi pas un Louvre-Créteil, permettant d’accueillir les collections d’un grand musée en banlieue. Certains estimeront sans doute que ce serait trop ambitieux pour la banlieue, qu’après tout il suffit de traverser le périphérique pour accéder à de prestigieuses institutions. Pourtant, nous connaissons trop bien les obstacles matériels, sociaux et symboliques qui privent les classes populaires de l’accès aux grands musées parisiens. De plus, combien de chefs d’œuvre dorment dans leurs réserves faute d’espaces suffisants ? Au côté du MACVAL à Vitry ouvert en 2005, premier musée d’art contemporain en banlieue parisienne avec 2 500 œuvres, le Louvre-Créteil pourrait être complémentaire dans le Val-de-Marne en présentant des collections classiques, avec par exemple une approche historique ou thématique (au hasard, le soleil dans l’art depuis l’antiquité !). Ce Louvre de banlieue pourrait être incorporé dans un ensemble du type de l’expérience du Centquatre à Paris, qui permet de donner accès à toutes les cultures en liaison notamment avec la Mac de Créteil. Cela tombe bien car la nouvelle directrice de la MAC, Mme Julie Sanerot, a été pendant près d’une dizaine d’années directrice de production et adjointe à la programmation au Centquatre.
- Un Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi) élaboré en catimini
Le PLUi en cours d’élaboration, vous êtes au courant ?! Ce document réglementaire est pourtant élaboré pour les 15 prochaines années. Le PLUi détermine les principes d’aménagement et de développement à l’échelle territoriale concernant l’habitat, les mobilités, le développement économique, la biodiversité ou encore les commerces
Par délibération du conseil de territoire n°CT2024.5/103-2 du 4 décembre 2024, GPSEA a arrêté le projet de PLUi avec un rapport de présentation qui expose le diagnostic, analyse l’état initial de l’environnement, explique les choix retenus pour établir le Projet d’Aménagement et de Développement Durables (PADD) et la délimitation des zones avec des règles spécifiques.
Les étapes suivantes du processus comprennent :
- Une phase de consultation des personnes publiques et associées et personnes consultées -(État, Région, Département, Métropole du Grand Paris, Chambres consulaires, Villes, et EPCI…) qui disposent de trois mois pour émettre un avis et faire part de leurs observations sur le projet de PLUi arrêté ;
- Une enquête publique qui devait être organisée du 31 mars au 5 mai 2025 mais finalement reporté. Durant un mois, la population doit être invitée à donner son avis sur le dossier et à faire remonter toutes ses remarques lors des permanences tenues par un ou plusieurs commissaires-enquêteurs dans les communes et sur les registres mis à disposition du public ;
- À l’issue de cette enquête, et après intégration des remarques du public et avis du(des) commissaire(s)-enquêteur(s), le PLUi sera soumis en théorie à l’approbation du conseil de Territoire en juin 2025.
Compte tenu de l’avis négatif en date du 12 mars 2025 de la Mission Régionale de l’Autorité Environnementale (MRAE), le GPSEA a été obligé de reporter l’enquête publique. C’est un véritable camouflet écologique. En effet, le constat est sévère. L’Autorité environnementale relève que les objectifs définis dans le projet d’aménagement et de développement durables (PADD), ne trouvent en général pas de traduction dans le règlement ou dans les Orientations d’aménagement et de programmation (OAP). D’autre part, la démonstration de la compatibilité du projet de PLUi avec le Schéma de Cohérence Territorial métropolitain (SCoT) doit être approfondie, notamment en ce qui concerne la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers, et les mesures mises en œuvre pour limiter les incidences du projet de PLUi sur l’environnement et la santé humaine doivent, pour certaines, être revues afin d’être opérationnelles. Le GPSEA a été obligé de revoir sa copie. Le dossier d’enquête publique sera mis à la disposition du public du mercredi 14 mai à 9h00 au mardi 17 juin 2025 à 17h00.
Nous travaillons à une contribution dans ce cadre mais le découplage avec les élections municipales de l’année prochaine est vraiment problématique sur des sujets qui devraient être au cœur de la délibération citoyenne. C’est malheureusement l’œuvre d’une technocratie locale et d’élus déconnectés des habitant.e.s. La légitimité démocratique de ce document qui devait être adopté initialement en juin 2025 par des élu.e.s en fin de mandat sera nécessairement très relative. Nous appelons néanmoins tou.te.s les habitant.e.s de Créteil à s’informer et à y contribuer, sans illusion sur la procédure d’enquête publique qui est expédiée en quelques semaines.
OUVRIR UNE NOUVELLE PHASE D’URBANISME ÉCOSOCIALISTE
- La nécessaire reprise en main des réseaux
La reprise en main des réseaux à Créteil apparaît comme une bataille politique déterminante. Ils structurent nos vies : énergies, transport, communication, alimentation… C’est un enjeu de pouvoir sur les biens communs qui sont appropriés par les intérêts capitalistes. La gestion de l’eau et de l’incinérateur de Créteil ont été abandonnés par exemple à la multinationale SUEZ qui protège avant tout ses bénéfices avant d’envisager les besoins sociaux et écologiques des cristolien.ne.s. Son poids sur la ville est démesurée et son influence se ressent y compris dans le sport puisque l’équipe de handball professionnel de Créteil est subventionnée par cette entreprise.
Ainsi, s’agissant de l’eau qui est un enjeu central pour la bifurcation écologique, elle est distribuée à Créteil par SUEZ, dont le contrat de Délégation de Service Public (DSP) a été renouvelé de manière totalement opaque au 1er janvier 2022 (et pour 12 ans !). L’eau provient principalement de l’usine de Vigneux-sur-Seine. La convention d’approvisionnement adoptée le 2 octobre 2019 prévoit que c’est le délégataire de la DSP (donc SUEZ) qui est en charge de la mise en œuvre et ce, avec EAU DU SUD PARISIEN, filiale de SUEZ… On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Pour notre part, nous défendons une politique de l’eau dotée d’un cadre national fort porté par des principes directeurs, un haut-commissariat du droit à l’eau et une fonction publique dédiée, une organisation territoriale adéquate, une solidarité nationale et un financement renouvelé ainsi que des contre-pouvoirs institutionnels et citoyens. Cette gestion nationale sera adossée à une gestion locale dans laquelle les communes seront renforcées afin de mener à bien une politique de l’eau de proximité, avec des objectifs sociaux et écologiques dans le cadre d’une régie publique.
- Démocratiser les grands choix urbains
Nous avons rappelé l’importance des garanties démocratiques que nous défendons dans notre programme l’Avenir en commun mis à jour récemment. Nous avons ainsi de nombreuses propositions, notamment pour ancrer au niveau local la révolution citoyenne :
– Supprimer les méga-régions et les métropoles technocratiques, et revenir sur l’obligation d’appartenance des communes à des intercommunalités en abrogeant la loi portant sur la Nouvelle Organisation territoriale de la République (NOTRe) ;
– Affirmer les trois échelons d’organisation décentralisée (communes, départements, régions) pour mettre fin à la superposition d’échelons technocratiques (métropoles, intercommunalités géantes…) qui éloigne les citoyens des prises de décision ;
– Rééquilibrer la dotation globale de fonctionnement versée aux communes pour lutter contre les inégalités territoriales et l’indexer sur l’inflation ;
– Rendre inéligible toute personne condamnée pour corruption et mettre un place un plan national de lutte contre la corruption et les délits de probité ;
– Référendum révocatoire ;
– Rendre effectif le principe du non-cumul des mandats et des indemnités, y compris dans le temps.
Dans le cadre de la boite à outils programmatique pour les élection municipales de 2026, nous proposons notamment de :
– Consulter les habitant·es en organisant une votation citoyenne dont le conseil municipal s’engagerait à respecter le résultat, sous réserve de l’atteinte d’un quorum de participation, sur les grands sujets communaux (grands projets d’aménagement, intercommunalité, organisation des temps périscolaires, évolution des tarifs pour les grands services municipaux,…) ;
– Donner aux citoyen·nes la possibilité d’organiser un référendum d’initiative citoyenne dont le conseil municipal s’engage à respecter le résultat — sous réserve d’une participation minimale — dès lors qu’une pétition réunissant au moins 10 % des habitant·es est constituée ;
– Donner aux citoyen·nes la possibilité d’organiser une pétition qui, si elle réunit au moins 5 % des habitant·es, est défendue en conseil municipal par le ou la citoyen·ne porteur·se de la pétition et donne lieu à une réponse du conseil. Le conseil est interrompu pour autoriser légalement ce temps d’échange.
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Ces quelques pistes sur l’avenir de Créteil doivent permettre d’engager la discussion la plus ouverte possible aux associations, collectifs et citoyen.ne.s de Créteil. Nous espérons en tout état de cause que le débat démocratique reprenne de la vigueur à Créteil pour que tou.te.s les habitant.e.s puissent reprendre la main sur l’avenir de leur ville. Il faut donc allier une concertation de toutes et tous et une volonté politique claire, ce qui manque cruellement aujourd’hui. Évidemment, aucune politique municipale ne peut être crédible sans une défense sans faille de nos services publics : poste, culture, éducation, santé … Ils sont au cœur du lien social dans nos quartiers. C’est pourquoi nous étions par exemple le 29 avril auprès du personnel hospitalier lors de la Caravane de la coordination de vigilance pour la santé du Val-de-Marne pour exiger un budget à la hauteur des besoins de la population du Val-de-Marne et de Créteil.
Nous faisons ainsi nôtre, les réflexions de David Harvey, géographe britannique qui souligne dans son ouvrage de 2010 intitulé Géographie et capital : « Il est impératif de travailler à la démocratisation du droit à la ville et à la construction d’un large mouvement social pour que les dépossédés puissent reprendre le contrôle de cette ville dont ils sont exclus depuis si longtemps, et pour que puissent s’instituer de nouveaux modes de contrôle des surplus de capital qui façonnent les processus d’urbanisation. Henri Lefebvre avait raison de souligner que la révolution serait urbaine, au sens large du terme, ou ne serait pas. »
À moins d’un an des prochaines élections municipales en mars 2026, les insoumis.e.s de Créteil sont déjà engagés pleinement en ce sens.
Thomas DESSALLES – Co-animateur de Créteil Insoumise